Genesis, Fahrradmanufaktur, Ridgeback … le monde du vélo de voyage a ses chouchous qui reviennent en boucle dans les discussions en cours de route ou sur les forums. Il existe pourtant bien d’autres acteurs avec de belles histoires à raconter. Rencontre avec Ben, le fondateur de Compagnon, une marque de vélo d’aventure Lyonnaise

Un Compagnon pour soigner une frustration
Des vélos Le Bon Coin au premier prototype
A la base, Ben est connu dans le monde du vélo lyonnnais pour « Les vélos de Ben » – un atelier de réparation , qui a toujours été orienté vélo de voyage et assemblage de vélo à la carte. Compagnon, c’est le spin-off des Vélos de Ben, une marque de vélo d’aventure.
Dans son atelier, Ben montait des vélos à partir de vieux cadres chinés sur Le Bon Coin. Il collaborait également avec des marques comme Omnium pour qui il montait des vélos… mais il était frustré.
Frustré de ne pas pouvoir proposer à ses clients un vélo qui leur corresponde parfaitement. Un vélo vraiment à la carte. Frustré également par ces frontières qui sont imaginées entre notamment le Gravel et le vélo de voyage. Pour lui, il doit être possible de faire un vélo hybride, qui s’adapte à un besoin et non pas à une case marketing.

Il a alors commencé à penser à un cadre ultra modulable, sur lequel n’importe quelle configuration pouvait être adaptée. Une belle idée, mais comment passer de l’idée à un vrai vélo qui roule ? Il a commencé par le commencement : apprendre à faire un cadre. Un vélo, c’est un cadre + des pièces (roues, freins, selle, etc.). Côté pièce, il maîtrisait grâce à son expérience de mécano. Mais faire un cadre, c’est autre chose : il faut souder entre eux des tubes (acier ou alu) – et c’est un vrai métier.
“J’ai choisi l’acier car c’est un matériau durable : réparable et solide, il pliera avant de se casser. Même cassé, il est facile à ressouder. Il faut cependant choisir un bon acier, il y en a des mauvais… Le cadre Compagnon est ISO 4210 avec des tubes en acier cromoly 4130 pour la robustesse et la légèreté à la fois – norme qui régit les vélos tout-terrains – c’est du costaud”
Un accompagnement de choix pour passer de l’idée au vélo
Après une formation de quelques jours chez Lafraise à Roubaix, Ben a pu créer un premier prototype. C’est un bon début – mais ça ne permet pas de produire des vélos en série. Il s’est alors tourné vers Antidote, un “studio design, atelier de création, centre de prototypage, brasseur d’idées ingénieuses”. Peu connu du grand public, ce bureau d’études est un incontournable du secteur. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à tous les projets qu’ils ont accompagné : Bastille, Sunn, Pamela Bikes…
La philosophie du cahier des charges ? Ultra-modularité. Pour créer des vélos vraiment proche du besoin des voyageurs. Antidote l’a aussi accompagné pour l’industrialisation, notamment le sourcing du fabricant de cadre, à Taïwan (comme énormément de cadres).
Tout cela a un coût. Je n’ai pas demandé à Ben, mais je ne crois pas qu’il soit un riche héritier. Il est passé par une bourse French Tech de la BPI - et des deniers personnels - pour financer ce démarrage.
Deux prototypes plus tard, le cadre définitif est fin prêt.
Un vélo ultra personnalisable… et ultra local
4 gammes pour choisir son aventure… ou pas !
Pour s’y retrouver facilement, 4 “déclinaisons” paramétrables sont disponibles sur le site de Compagnon :
- Le Randonneur
- Le Gravel
- L’Urbain
- Le Tout-terrain
Le même cadre pour chacun, mais des propositions de paramétrage différentes, des roues / pneu en fonction de l’usage, etc. Il est possible de paramétrer soi-même environ une douzaine d’éléments. Il est même possible, et c’est appréciable, de réduire le prix du vélo en utilisant les pédales ou la selle qu’on a déjà. Le vélo « Urbain » a été conçu dans l’idée de pouvoir être utilisé tout le temps : aussi bien en voyage que pour le vélotaf.
Si Ben gère seul au jour le jour, il a beaucoup été aidé par Florian, un ami mais aussi “conseiller / confident ”. Florian détient également une petite partie des parts de l’entreprise.
Vélos conçus et travaillés à Lyon et en France
Tous les vélos sont montés par Ben à Lyon. L’ancrage local va encore plus loin, puisqu’il travaille également avec L’Usine à Vélo, une coopérative lyonnaise. Implantée chez Grand Plateau, l’Usine à Vélo assemble les roues des Compagnon, facilite la supply chain et joue aussi un rôle de grossiste pour les pièces détachées.
D’autres acteurs Français ont participé à l’élaboration du vélo :

L’aventure continue
Pour se développer, des nouveautés voient jour au niveau de la vente. Il est désormais possible d’essayer un vélo Compagnon grâce à un réseau d’ambassadeurs présents en France mais aussi en Allemagne et en Belgique. Des boutiques vélos mais aussi et surtout des possesseurs de Compagnon convaincus.
Les cadres seuls sont également proposés à des boutiques vélos pour qu’ils proposent leur propre montage à la carte.
Et l’avenir ? Compagnon va proposer un vélo à assistance électrique, avec un kit Virvolt. Le cadre restera le même : le vélo pourra repasser en musculaire si besoin, ou le kit être changé au bout de plusieurs années s’il y a une panne.

